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Nous ou la difficulté d'être une smalalikoum
Nous ou la difficulté d'être une smalalikoum
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8 février 2012

Monsieur Le Président

Ma lettre (dans son intégralité) à Monieur Sarkozy, Président de la République Française.
Lettre restée sans réponse (bah voyons ^^)
Affaire à suivre

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Monsieur le Président de la République Française,

C’est au papa et à l’époux que je m’adresse aujourd’hui plus qu’à Monsieur le Président de la République, et j’ose vous demandez de lire ce courrier avec le cœur d’un père et non le pragmatisme d’un chef d’état.
Parce-que, Monsieur, pour ma part c’est mon âme de maman, c’est la douleur d’une femme et mon cœur meurtrit par le chagrin qui trouve le courage de vous adresser ces doléances.
Mon conjoint Monsieur BACHRI Youssef et moi-même, nous battons depuis 3 ans afin de faire venir celui-ci en France ou en principe devrait être ma place et celle de nos enfants puisque nous sommes français et en possession de tout les papiers justifiants notre nationalité.
Mais voilà, depuis bientôt trois ans ma vie est en suspens et je me vois obligée par la force des choses de vivre au Maroc. En effet depuis 2009 toutes les demandes de mon compagnon afin de venir en France vivre avec ses enfants ont été rejetées. Aussi pour le bien-être de mes enfants, pour l’équilibre de ma famille et par amour j’ai pris la difficile décision de vivre au Maroc. Pays qui n’est pas le mien, dont je ne parle pas la langue, ni ne partage les coutumes et ou je n’ai pas réussies à m’intégrer socialement et professionnellement. Et pour cause ici je vis dans l’illégalité totale, je n’ai qu’un statut de touriste arrivé à son terme depuis bien longtemps, et ce n’est que grâce à l’indulgence des douanes marocaines que je peux encore sortir et rentrer sur le territoire marocain.
Malgré tout je ne suis pas à l’abri d’une expulsion, et des graves conséquences que cela engendrerait pour nous. Qu’adviendrait-il de notre avenir familial si je ne suis plus autorisée à me rendre au Maroc et que mon conjoint quant à lui n’a pas la possibilité de venir en France ? Que se passerait-il pour nos enfants ?
Les raisons de ma présence illégale au Maroc sont simples, pour être reconnue et immatriculée par le consulat de France à Casablanca dont normalement je dépends je dois soit ; être mariée à un marocain soit ; décrocher un contrat de travail, contrat quasi impossible à obtenir pour moi qui n’ai pas de compétences particulières utiles à une entreprise marocaine et puisque le pays favorise l’embauche des locaux, mes chances sont nulles !
Cependant alors que nous avons émis le souhait de nous unir en 2009, alors même que nous nous sommes conformés à toutes les procédures, à savoir l’obtention d’un Certificat de capacité de mariage rendu indispensable dans le cadre d’une union entre ressortissant français et marocain par la convention franco-marocaine du 10 août 1981 et renforcée par la loi 2006-1376 du 14 Novembre 2006. Notre demande a été refusée en juin 2009 avec pour seule explication une mention : -opposition formée par le procureur de la République de Nantes. Aucune précision supplémentaire ! Je rappelle à votre bienveillance que le mariage est un droit fondamental comme le stipule « La déclaration universelle des droits de l’homme en son article 16-1 qui dispose qu’à partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille.
Me basant sur ce texte, et garante de la véracité de ma relation avec Monsieur Bachri j’estime que mon droit le plus essentiel de me marier avec celui que j’aime et que j’ai choisis est bafoué. Ma douleur est inexplicable, les répercussions de ce refus sont dramatiques pour moi. Je n’ai aucun statut vis-à-vis de mon conjoint, aucune reconnaissance malgré mon amour et ma présence quotidienne, aucun droit concernant des décisions importantes telles que sa santé, je n’apparais jamais nulle part, je n’existe pas. Pire encore aux yeux de la loi marocaine en plus de mon séjour illégal vient s’ajouter l’illégalité matrimoniale car ici les relations hors mariage sont proscrites. Je n’ai théoriquement pas le droit de vivre sous le même toit que celui que j’aime. En tant que Française ayant grandit dans un pays libre cela semble tellement absurde ; et pourtant c’est la triste réalité.
Depuis, notre parcours déjà sinueux n’a cessé d’être confronté à de nouveaux obstacles .
Le 6 Avril 2010, notre fille Satheene-Sara est née à Casablanca ou j’ai choisi d’accoucher pour être près du papa comme le souhaiterait et c’est légitime, n’importe qu’elle mère au monde. Sachant qu’en France j’aurais été prise en charge par la sécurité sociale, m’épargnant ainsi les couteux frais de clinique non remboursés. Mais aucuns avantages financiers n’auraient eut raison de mes sentiments.
Notre merveilleuse petite fille ainsi arrivée dans notre vie nous avons une nouvelle fois suivis la procédure, son papa a été la reconnaître auprès des autorités locales et nous avons ensuite fait transcrire cet acte auprès du consulat de France de Casablanca donnant lieu à la délivrance d’un livret de famille Français ou à ma grande surprise nous constatons que le papa n’a pas le droit à la page concernant » le père » alors que moi la maman j’en bénéficie. Quelle conclusion tirer ? Youssef n’est-il qu’un demi-papa ? Lequel est plus parent que l’autre ? Une question que personne ne se poserait dans le cas d’une naissance en France.
Toujours est-il que ma fille est désormais française par filiation, et de ce fait elle peut prétendre aux mêmes droits que n’importe quel autre citoyen français.
Après avoir savouré notre nouveau bonheur quelques mois, mais aussi après plus d’un an et demi au Maroc, j’ai le mal du pays, le mal de la famille, une vie sociale nulle, je ressens le besoin de rentrer chez moi en France auprès des miens. J’ai envie que ma fille grandisse entourée de sa famille française, j’ai besoin de ma mère pour me soutenir dans mon nouveau rôle de maman, j’ai le manque de ma sœur, ma confidente…..je pleure trop souvent, le quotidien devient un calvaire pour moi, l’amour de mon compagnon aussi fort soit-il ne remplacera pas celui d’une famille.
Aussi c’est moi qui le pousse à demander un visa long séjour en France en tant que papa d’enfant français comme l’autorise la loi, persuadée que nous sommes dans notre bon droit. Sûre et certaine que cette demande est justifiée.
C’était sans compter sur l’administration française, complexe et souvent sans aucune humanité. A ma grande déception cette demande a été rejetée, après avoir écumé tous les recours possibles, après avoir tapé à toutes les portes, nous avons dû abandonner par manque de moyens.
Car oui aujourd’hui nous sommes sans le sou et nous ne subvenons à nos besoins et ceux des enfants que grâce à l’aide de nos familles. J’ai vendus tout ce que je possédais, mon conjoint travaille 44h par semaine pour un salaire dérisoire qui ne nous permet même pas de payer notre loyer.
Le manque de moyens a été pour nous la justification principale de ce refus de VISA et réitérer lors des différents recours soumis à Monsieur Le procureur de la République de Nantes et Monsieur le président de la commission de recours contre le refus de VISA, estimant que, je cite : »Les conditions de contribution à l’entretien et à l’éducation de sa fille Satheene BACHRI, dans les conditions prévues par l’article 371-2 du code civil depuis la naissance de cette dernière ou depuis au moins deux ans ne sont pas établies »
Je n’y comprends plus rien, certes nous n’avons rien, oui ; nous sommes pauvres n’ayons pas peur des mots mais nous nous aimons, et nous avons prouvé que Youssef est un papa présent au quotidien auprès de sa fille. Nous avons fourni tous les documents prouvant son affection et son implication envers notre fille. Ainsi que de nombreuses attestations de ma famille venue au Maroc à plusieurs reprises et dont le témoignage pèse bien plus qu’une facture ou qu’une preuve matérielle. Preuves matérielles que nous avons néanmoins fourni concernant mes frais d’accouchement, de pédiatre et divers facturettes, sachant qu’au Maroc les petites échoppes qui sont plus répandues que les grandes surfaces ne fournissent pas de factures pour l’achat de couches par exemple. En tenant compte que du fait de nos moyens limités ma famille nous a offert tout le nécessaire de puériculture (poussette, porte-bébé, siège-auto….) et que mon beau-père excellent menuisier a fabriqué le lit et la table à langer de sa petite –fille.
A aucun moment nous n’avons imaginé devoir justifier nos dépenses de manière aussi pointilleuse, nous n’avons rien calculé, rien planifié et surtout pas accumulé de preuves ; encore et toujours plus de preuves dans l’optique de cette demande de VISA. Si tel avait été le cas et maintenant que nous connaissons les méthodes nous aurions procédé différemment, quitte à être calculateurs et intéressés. Ce qui prouve notre honnêteté contrairement à ce que nous avons pus lire dans la réponse que nous a adressé Monsieur le Président de la commission de recours contre le refus de visa qui conclut son refus comme suit : »Au surplus, M. Bachri ne justifie pas de ressources qui lui permettent de s’établir durablement en France et il y a un doute sur la véritable motivation de sa demande au regard de son parcours antérieur (divorcé de Mme Sophie Pinheiro puis père d’un enfant français né d’une autre femme, Mme Nathanaël ARCOS, qu’il a connue alors qu’il se trouvait en situation irrégulière et avait fait l’objet de deux mesures d’éloignement »
Si jusqu’alors les arguments plus ou moins justifiés émis par les décisionnaires de notre dossier étaient compréhensibles et strictement réglementés par les lois d’immigration en vigueur, cette dernière phrase est pour moi inacceptable. Plus que Monsieur Bachri se sont mes enfants et moi-même qui sommes outragés.
En effet M. Bachri a été marié une première fois et son épouse était Française, Combien de français se marient, puis divorcent sans que cela ne pose soucis à personne. Notre vie n’est pas pré- écrite, nous avons tous le droit à l’erreur, il faut se tromper pour apprendre, fauter pour évoluer. C’est être fort que d’oser recommencer et non pas l’inverse comme le laisse penser le paragraphe cité-ci-dessus. Se marier à 18 ans dans la folie de la jeunesse, vivre, grandir, apprendre la vie à deux et s’apercevoir que notre partenaire n’aspire pas aux mêmes envies c’est somme toute plutôt courant.
Le mariage est un droit, le divorce également ! J’estime que la vie conjugale antérieure de mon compagnon ne devrait pas être un argument pouvant me porter préjudice. Le divorce est prononcé depuis 2004, soit depuis plus de sept ans à la date de la demande de visa de M. Bachri. Ou est le doute ? Il semble qu’il y ait prescription depuis.
De plus, M. Bachri a effectivement à l’époque fait l’objet de deux mesures d’éloignement suite à ça il a d’ailleurs été reconduit à la Frontière marocaine, et il a accepté cette décision. Les faits datent de 2006, nous étions déjà ensembles à l’époque, inutile de vous décrire mon déchirement et ma peine. Mais alors que nous aurions pu, nous aurions dû faire appel de cette décision, nous avons pensé qu’il serait bénéfique à M. Bachri de se rapprocher de sa famille et de laisser le temps faire son œuvre. Son parcours en France n’ayant pas été probant un retour aux sources semblait évident.
Ces dernières années j’ai effectué plus de 20 allers/retours entre la France et le Maroc évidement à mes frais, évidement dans l’indifférence totale, voilà la vie que je fais subir à mon petit garçon depuis 5 ans. Ce petit garçon dont le papa est M. Bachri sans nul doute, et qui a été conçu dans l’amour et l’innocence de notre jeunesse. Puisque M .Bachri était encore marié à l’époque de la conception de notre petit Yanis j’ai accepté de taire cette grossesse, n’est-ce pas le terrible retour de bâton des amours illégitimes ? J’étais inconsciente, folle certainement mais folle amoureuse et loin d’imaginer que tout cela se retournerait un jour contre nous.
Aujourd’hui Yanis a 6 ans mais il tient à préciser qu’il en a 6 et demi, il a appris l’histoire de sa naissance, il a rattrapé le temps perdu avec son papa et d’ailleurs il ne connait pas d’autre père. Yanis est encore petit et peut-être pas encore en âge de raisonner convenablement mais il y a bien une chose qu’il sait c’est qu’il veut apprendre à écrire très vite pour dire « à la France qu’il est triste de ne pas avoir le droit de vivre dans son pays avec papa, que chaque séparation avec sa grand-mère, son arrière-grand-mère et sa tata ça fait trop mal pour un petit garçon comme lui, il aimerait être écouté, être entendu, il voudrait crier combien il aime son papa et combien celui-ci le lui rend bien, il voudrait aller à l’école en France, passer noël en famille et aller à disneyland avec papa….. » la liste est sans fin. Que répondre à ce petit bonhomme innocent ? Comment justifier qu’un enfant de 6 ans exprime clairement le souhait de préférer une vie privé de sa famille à laquelle il est très attaché plutôt que de vivre loin de son père ?
Dans toute cette histoire je me demande à quel moment l’intérêt de mes enfants a été pris en compte ?
Je crois utile de citer « l’article 24, alinéa 3 de la Charte des droits fondamentaux de l’enfant, à savoir :-Tout enfant a le droit d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à son intérêt. «
Nous concernant, il va de soi que cela n’est absolument pas contraire à l’intérêt de Yanis et Satheene, qu’il s’agit même d’un besoin primordial pour ne pas dire vital. Quand on à la chance d’avoir ses deux parents alors que le monde compte tant d’orphelins, j’avoue avoir du mal à comprendre un tel acharnement et je ne m’explique pas toutes ces décisions aussi injustes qu’injustifiées.
C’est une maman désemparée qui s’adresse à vous aujourd’hui, Monsieur le Président, et qui attend un geste de compassion de votre part, un beau geste, un seul pour lequel je crois que je pourrai tout sacrifier. Nous réunir mes enfants, leur papa et moi dans notre pays ! Ce pays que j’aime tant parce- qu’il est celui des droits de l’homme et de l’espoir, parce-que j’y suis née, j’y ai grandit, c’est la France qui m’a tout enseigné et tout appris.
Je vous garantis le sérieux de ma demande et renouvelle la confiance que j’ai en mon compagnon M.Bachri, sa réelle envie de s’intégrer, sa motivation principale étant tout comme moi le bien être de nos enfants.
A ce jour M. Bachri justifie d’un casier judiciaire vierge, ma famille se porte garante de notre hébergement et nous assure de leur soutien moral et financier. Nous avons toutes les cartes en main pour un regroupement familial réussi en France. Et plus que tout nous avons l’amour et la certitude de nos sentiments sincères l’un pour l’autre qui vaut à nos yeux plus que n’importe quel document administratif.
Monsieur le Président, jugez en votre âme et conscience, relisez notre dossier, réétudier notre parcours et tenez compte de notre acharnement depuis plus de 6 ans. Comprenez nos douleurs, soutenez-nous.
Pour conclure, je vous informe que nous avons à nouveau fait une demande de Certificat de capacité de mariage pour laquelle nous sommes convoqués le 15 février 2012 dans les locaux du Consulat de France de Casablanca afin de pouvoir sceller notre amour officiellement. J’estime que notre dossier est plus que complet et que nous sommes en mesure de prétendre à la délivrance de ce certificat. J’aurai préféré me marier en France entourée de mes proches et c’est rempli de tristesse que je m’apprête à célébrer ce moment unique privée de la moitié de ma famille et de mes amis. J’attend et je caresse l’espoir que vous intercédiez en ma faveur auprès des instances consulaires et/ou du procureur de la République de Nantes qui sont actuellement les seules autorités habilitées à juger le bien fondé de ma demande, et qui jusqu’à présent n’ont pas souhaité donner réponses à mes courriers et demandes d’audiences.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer Monsieur le Président de la République, mes respectueuses salutations.

 

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Commentaires
C
et bien c'est on ne peut plus clair et le fait qu'il n'y réponde pas ne m'étonne que partiellement notre président ne pense qu'à sa personne
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